Non, ce qui me choque, c'est que Luc Moullet "le rebelle", pour reprendre le titre de son film préféré, ait utilisé des ficelles indignes d'un cinéaste d'une si grande réputation, de celles qui flattent les instincts les plus vulgaires tapis en chacun de nous. Car moi aussi j'ai ri, et j'ai mal d'avoir ri. D'avoir ri aux discours maladroits et soigneusement triés des personnes interrogées sur ces meurtres, probablement persuadées de participer à un reportage sérieux, essayant donc de trouver les mots supposés justes pour la circonstance, c'est-à-dire les mots neutres du gendarme, du témoin modèle dans les émissions de télévision à grande écoute ("c'est alors que j'ai trouvé l'individu allongé sur ma femme, ce qui m'a paru un peu anormal"... je cite de mémoire en déformant un peu), inconscients de la duperie.

Je suis navré que monsieur Straub présent ce soir, ne comprenne pas cela ou ne veuille pas le comprendre pour protéger son copain. Navré qu'on oublie qu'il n'y a d'art que dans la conscience de son art, que dans l'intention de faire une oeuvre. On ne fait pas d'oeuvre à l'insu des protagonistes, au mieux on fait de la propagande, au pire on fait de la télévision.
Loin de Chaplin ou de Buñuel, la terre de la folie n'est donc pas une oeuvre d'art, mais un film raté parce que malhonnête. J'en suis bien triste parce que je ne m'attendais pas à ça de la part de Luc Moullet, bien triste parce que le reste du film, d'une vraie valeur comique, est bêtement gâché par cette irruption de cynisme télévisuel.
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